Et si nous vivions sous anesthésie éternellement ? L'anesthésie émotionnelle

Description de l'article de blog :

Siham BOUCHEIKH

10/15/20242 min read

Imaginez que vous vous rendes chez le dentiste pour un soin nécessitant une anesthésie. Mais cette fois, l'effet ne s'estompe jamais. Vous vivez alors avec cette sensation de visage lourd et engourdi, une étrangeté qui déforme vos perceptions (comme c’est mon cas à l’instant T).
Inhabituel, non ?
Et pourtant, c’est exactement ce que nous faisons lorsque nous refusons de ressentir. En coupant nos émotions, en nous déconnectant de nos sensations corporelles, nous devenons comme un corps anesthésié : lourd, étranger à lui-même, privé de sa vitalité et de sa légèreté.

L'anesthésie émotionnelle, tout comme l'anesthésie physique, a une fonction cruciale dans les moments de danger ou de douleur intense. C’est un mécanisme de survie légitime, un rempart contre l’insupportable. Mais lorsque cela devient un mode de vie, le danger s’installe. Nous nous éloignons de notre humanité, de nos élans de vie, de ce qui fait battre nos cœurs plus fort. L'absence de douleur devient aussi l’absence de joie, de connexion et de croissance. Vivre sous anesthésie, c’est se priver de la richesse du ressenti, de la capacité à se laisser toucher et transformer par les expériences.

En permanence sous cette lourdeur, nous ne fuyons pas seulement la douleur, mais aussi la possibilité de guérir, de nous retrouver. La survie devient stagnation.

Cette anesthésie émotionnelle est souvent alimentée par des croyances profondément ancrées : "Il faut être fort", "Ne jamais se montrer vulnérable", ou encore "Il faut accepter son destin" ou par la peur de ressentir, de souffrir. Ces pensées limitantes nous poussent à masquer nos émotions, à ignorer nos besoins réels. Or, la véritable acceptation est un chemin émotionnel, un processus qui demande du courage et de la douceur envers soi-même.

C'est là qu'intervient l'espace thérapeutique, un cadre bienveillant qui permet d'explorer nos mécanismes de défense. Cet espace offre une opportunité précieuse : enlever l'anesthésiant émotionnel et réapprendre à ressentir. Grâce à cette démarche, nous pouvons commencer à accueillir nos émotions, même les plus difficiles. Parce qu’être pleinement vivant, c'est accepter à la fois la souffrance et l'émerveillement, c'est être présent à soi-même dans toute notre vulnérabilité et notre force.