Les mots et leurs impacts profonds : le cas de la comparaison entre enfants
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12/9/20243 min read


Les mots et leurs impacts profonds : le cas de la comparaison entre enfants
Les mots ont un poids immense. Ils peuvent construire ou détruire, nourrir ou briser. Lorsqu'ils sont mal utilisés, surtout dans un contexte aussi sensible que celui de l'éducation parentale, ils deviennent des armes invisibles qui laissent des blessures profondes. Parmi les erreurs fréquentes que les parents, souvent sans en être conscients, peuvent commettre, figure la comparaison entre leurs enfants.
Les dégâts invisibles de la comparaison
Quand un enfant entend des phrases telles que :
« Pourquoi tu n’es pas aussi doué(e) que ton frère/ta sœur ? »
« Regarde comme ton frère travaille bien, fais comme lui ! »
il peut en déduire qu’il n’est pas assez, qu’il est insuffisant ou moins aimable. Cette comparaison peut éroder son estime de soi et lui faire croire qu’il doit constamment être à la hauteur d’une norme qui n’est pas la sienne.
Ces paroles, même anodines en apparence, peuvent :
Détruire la singularité : Chaque enfant est unique, avec ses forces, ses faiblesses, ses talents, et son propre rythme. Comparer, c’est nier cette unicité.
Créer un sentiment d’injustice : L’enfant peut se sentir dévalorisé et croire qu’il est moins aimé ou moins important. Cela peut entraîner des rivalités fraternelles.
Freiner le développement personnel : En voulant se conformer aux attentes imposées par la comparaison, l’enfant peut perdre de vue ce qui le rend authentique.
Les conséquences durables à l’âge adulte
Le plus grave, c’est que ces blessures de l’enfance perdurent souvent bien au-delà de cette période. L’enfant devenu adulte peut continuer à porter en lui la croyance qu’il est « moins bien » ou « incapable ». Cette voix critique interne, construite sur les comparaisons répétées, peut provoquer :
Un manque de confiance en soi chronique : L’adulte se perçoit comme un « bon à rien », incapable de réussir, peu importe ses efforts.
Une tendance à l’auto-sabotage : Il peut se punir inconsciemment en évitant de prendre des risques ou en ruinant ses opportunités de peur de l’échec.
Une spirale de destruction : Ce sentiment d’infériorité peut mener à l’isolement, à l’évitement social, voire à des comportements autodestructeurs.
Ces impacts, bien que profonds, ne sont pas irréversibles. Avec un accompagnement thérapeutique adapté, notamment à travers des approches comme la Gestalt-thérapie, il est possible de déconstruire ces croyances limitantes et de reconstruire une image de soi positive.
La reconnaissance de la singularité
En Gestalt-thérapie, on travaille souvent sur l’idée de la validation de l’expérience de l’autre. Cette approche souligne combien il est crucial d’accueillir la personne telle qu’elle est, sans jugement ni projection. Cela s’applique également aux relations parents-enfants. Valoriser chaque enfant pour ce qu’il est réellement, et non pour ce qu’il pourrait devenir en comparaison d’un autre, est un acte d’amour inestimable.
Un parent pourrait dire :
« Je suis fier(ère) de toi pour l’effort que tu as fourni dans ce projet. »
« Tu as une manière unique de penser, et c’est précieux. »
Ces paroles valorisent les actions et les qualités intrinsèques de l’enfant, sans établir de compétition.
Construire avec des mots positifs
Les mots ont le pouvoir de nourrir les rêves et de renforcer la confiance en soi. Pour aider un enfant à grandir dans un environnement bienveillant, il est essentiel de :
Reconnaître ses progrès, même modestes.
Éviter de généraliser avec des phrases comme « Tu es toujours… » ou « Tu ne fais jamais… ».
Exprimer des attentes adaptées à sa personnalité et à son âge.
Mon expérience en Gestalt-thérapie
Lors de mes consultations, j’ai souvent constaté que les blessures liées à l’enfance proviennent de ces petites phrases répétées, de ces comparaisons qui s’ancrent profondément dans le psychisme. Les adultes que je reçois en thérapie racontent combien il est difficile de se détacher de ces étiquettes imposées dans l’enfance : « le moins bon », « celui qui ne fait pas d’efforts », etc. L’une des clés du processus thérapeutique est de déconstruire ces croyances limitantes et de redonner à la personne le droit d’être elle-même, sans comparaison ni jugement.
Conclusion
Chaque enfant est un univers en soi. En tant que parents, enseignants ou adultes en interaction avec des jeunes, il est de notre responsabilité d’utiliser des mots qui construisent et élèvent. Apprenons à célébrer la singularité de chacun et à valoriser leurs forces, tout en offrant un espace sécurisant pour leurs faiblesses. Parce que les mots, s’ils peuvent tuer, sont aussi capables de guérir et d’inspire